Je suis un fantôme. Il paraît qu’il ne faut pas plaisanter avec les fantômes…:)
Ne vous gênez pas, j’ai rigolé toute ma vie durant ; des autres et de moi surtout. Maintenant que je suis passé de l’autre côté, je n’attends pas qu’on vienne fleurir ma tombe chaque dimanche. D’ailleurs, de tombe je n’en ai pas puisque j’avais demandé que l’on jette mes cendres dans la pelouse du parc. Ils avaient bien du mal à respecter mais volontés. Jusqu’au bout, je leur rappelais que la vie c’est maintenant et pas après. Et que même pour ceux qui croient à l’ailleurs, c’est d’abord ici que ça se passe.
En fait, je déconne ; je ne suis pas un fantôme. Les revenants, c’est les morts qui ne reposent pas en paix. Bigre ! comme je suis sérieux tout à coup. D’autant que je repose en paix dans ce gazon sur lequel dès le printemps viennent se rouler les amoureux…
Bon, je recommence, je suis le grand oncle de 100drine. Vous comprenez pas ? Le frère de son grand père. Vous ne pigez pas ? Ca n’a pas d’importance. D’autant plus que je suis mort depuis l’an dernier. Je venais d’avoir 71 ans.
100drine, je la connais depuis sa naissance. Ben oui, bien sûr !
Et dès sa naissance, parfois pour aider ses parents, je m’en occupais. Nous allions au parc par exemple. Quand elle est devenue un peu plus grande, je l‘emmenais au restaurant. Je choisissais toujours des restaurants très chics, bourrés de gens constipés. Je mettais une cravate fluo et elle se faisait des couettes un peu dingues. Notre repas était ponctué de fous rires qui nous attiraient des regards de réprobation. Ce que je lui racontais ?
Peut-être vous le dira-t-elle ; car je sais qu’il lui arrive encore de penser à moi, de rêver de moi...