A tous les gens meurtris, qui chaque jour se relèvent pour retomber le soir. A tous ces gens qui ont cru en l'humanité, qui ont essayé de tout bien faire, mais qui se sont faits rattraper par l'horreur humaine qui les entourait, qui a même fini par les ronger sans qu'ils ne s'en rendent compte. A tous ceux qui s'attachent aux autres, tombent amoureux de leur âme et leur personnalité, pour se rendre compte qu'eux ne sont pas grand chose dans la vie de l'autre. A tous ces haineux du lundi matin, du métro-boulot-dodo pour les plus expérimentés, de la loi de la mode pour les plus jeunes. A tous les sensibles qui se forgent un masque pour cacher leurs joies, leurs peines, leurs colères et déprimes face aux autres, parce qu'ils s'en prendront plein la figure s'ils le font. A tous les incompris, qui eux-mêmes ne se comprennent pas. A tous ces gens perdus qui n'ont rien qui va mal dans leur vie, mais qui pourtant ont perdu la joie de vivre. A tous ces jeunes qui traversent l'adolescence et qui en souffrent... Mais aussi à tous ceux qui n'y sont pas encore et sont trop pressés de grandir, ou même ceux qui l'ont finie il y a bien longtemps mais qui rêverait d'y retourner, juste un peu.
A vous tous, gens tous aussi meurtris, abîmés, cabossés que vous êtes. Que saigniez de l'extérieur, de vos mains, de vos pieds, ou même de l'intérieur et de votre cœur... Je suis comme vous, je suis du clan. Le clan des gens meurtris. Vous n'imaginez pas toutes les horreurs que je vis ou que j'ai vécues, je n'imagine même pas celles qui arrivent. Je n'imagine pas non plus vos horreurs à vous. Je ne peux pas vous aider.
Mais je peux vous dire que je vous aime, tous autant que vous êtes. Je vous connais pas, mais qu'importe. Je partage vos douleurs et vos peurs, mais aussi vos joies et rires, car je les connais. Et juste pour cela, je vous aime.
Elisa Ruty