J’ai le cœur qui saigne

Liège. Fusillade. 6 morts. Trop de morts. Horreur. Nausée. En silence, dans mon coin. J’ai le cœur qui saigne. C’est un sentiment hyper bizarre, une sensation complètement étrange. Je crois que jamais jamais jamais je ne me suis sentie comme ça. En regardant les infos j’avais envie de vomir. J’étais sidérée. En même temps, je me disais « lève toi de ce foutu divan, arrête de regarder ça te fait mal » et en même temps j’étais scotchée. Happée par l’horreur. Et pourtant je ne connais personne qui a vécu cet enfer. Est-ce de l’indécence ? Ai-je mwa, le droit d’être triste, complètement touchée, atteinte aussi par ces balles? Je repasse le film dans ma tête. Pierre, Medhi. Ils ont fini leur exam et rentrent chez eux pour étudier le suivant. Comme tous les jours ils prennent le bus. Et là, horreur. Carnage. Noir. The end. Mon sang se glace. Pcq je pense à eux, à leurs familles, à tous leurs potes. Pcq je ne peux pas m’empêcher de me voir dans ce film. Si ça avait été mwa ? Si j’avais mwa aussi attendu le bus mardi midi... Si Pierre ou Medhi avait été Hubert, Choopeta,... Comment supporter ? Comment l’horreur peut-elle débarquer comme ça, sur la place publique sans retenue, brute ? Pourquoi cet homme n’a pas trouver d’autre cible à sa colère ? Est-ce qu’un jour je pourrai aussi être tellement enragée que je ferai ça ? Là, je ne suis même pas en colère. Ça me fait peur. Ça me donne envie de vomir. Je suis une statue qui ne veut plus y penser. En même temps je me dis qu’il faut vivre à 100 à l’heure et en même temps j’irai bien me calfeutrer dans le fond d’un trou douillet, bien au chaud, faire comme si ça n’avait pas existé... Est-ce que ça a vraiment existé ?