Je parle pour ne plus rien dire. Lorsque les mots sincères tentent de dépasser mes lèvres, ils restent bloqués au fond de ma gorge, avec deux trois larmes et quelques regrets. Et je finis par répéter ma phrase du moment : "Non, rien en fait" . Il n'y a qu'écrire qui permet de soulager ces mots perdus.
C'est juste que je ne sais plus quoi faire. Pourtant on m'en a proposé des solutions et de l'aide, j'ai jamais été seule je crois, du moins au début. Puis au fur et à mesure, malgré les efforts, rien ne part. Et je vois que les discours qui se répètent commencent à ennuyer. Alors je me noie dans le silence, un silence vaut mieux que des mots inutiles nan? On commence à s'enfoncer de ce silence, et puis tel un piège démoniaque, on n'en sort plus. C'est beau d'un côté, j'ai appris à cacher mes pleurs et mes peurs, montrer ma plus belle face aux gens, souriante, heureuse, et pétillante. D'un côté, c'est moche. C'est moche, parce que mentir c'est horrible. Parce que lorsque l'on me demande si je vais réellement bien je réponds oui, alors que parfois je veux leur hurler non. J'ai envie parfois d'être en sécurité, dans les bras de quelqu'un, qui apaise mes cauchemars et me dit que tout est fini. J'ai envie de pouvoir mettre des mots sur ces horreurs. Décrire les scènes vues en rêve sans m'effondrer un instant après. Putain, ne vous enfoncez jamais dans un silence comme celui-ci? N'hésitez pas à vous plaindre parfois, montrer votre tristesse comme votre joie. Ne cachez rien.
Je ne trouve personne qui est dans mon cas. J'ai trouvé des gens qui avaient les mêmes goûts que moi, qui aimaient les mêmes musiques, les mêmes personnalités, des gens qui me ressemblaient, qui avaient les mêmes passions que moi. Mais des gens qui comme moi vivaient une vie la nuit, jamais. Je lance un appel, y a-t-il quelqu'un qui comme moi, passe ses nuits à cauchemarder?
Ca ne s'arrête pas à quelques cauchemars comme ça. On ne s'en rend pas compte, mais ça va beaucoup plus loin. Ca détruit l'âme, ça détruit la façon de voir les choses et le monde. Ca apporte un peu plus de sang à tout ce que l'on voit, ça rend l'extérieur encore plus dangereux. Ca bouffe de l'intérieur, parce que l'on culpabilise d'avoir vu tant de gens mourir, parce que l'on a peur que les rêves se mélangent à la réalité une fois de plus, que le sang sur les murs soit trop réel. Ca fait pleurer, rire, hurler, haïr. Ca fait trop de choses même si d'apparence ça ne fait rien.
Mais non, à part ça, j'ai "Rien" à dire. "Laisse tomber, c'était idiot". Encore.
Cette humeur ne sert pas à grand chose. Elle n'est pas faite pour m'apporter des solutions, puisque les solutions je les connais, je dois en parler à mes parents. Mais voyez la difficulté, allez dire à vos parents que vous voudriez voir une psychiatre parce que vous ne vous sentez pas normale. Et cette humeur sert encore moins à me faire plaindre ou quoi. J'ai pas besoin de ça. Je voulais juste me défouler. Alors pourquoi le partager? Parce que c'est un premier pas, une première étape, qui m'aidera à parler ensuite, non?
la miss amoureuse elisa