J’ai vu une fille dans le bus ce matin, elle pleurait. A gros sanglots. De temps en temps elle parlait avec un gars. Je n’ai rien entendu de ce qu’ils se disaient. Peu importe. Elle me reste en tête, cette fille. Elle était là, avec sa vraie tristesse qui n’attend pas, au milieu de nous tous. Cette tristesse qui a eu besoin de sortir, qu’elle n’a pas pu retenir. Ces larmes qui la débordent. Même si elle avait voulu les retenir, je voyais bien qu’elle n’aurait pas pu. Et moi, j’avais mes yeux collés sur elle. Impossible de me déscotcher. Je l’aurai bien serrée dans mes bras. Je lui aurai bien chuchoté dans le creux de l’oreille « ça va passer, ça va passer » en lui caressant le dos... mais... il y a ce je ne sais quoi qui m’en empêchait et qui m’obligeait à regarder ailleurs de temps en temps pour ne pas qu’elle sente mon regard, trop fort, trop insistant, trop lourd, trop inquiet. Mwa, quand la tristesse m’envahit comme ça au milieu des autres, j’espère trop devenir instantanément invisible. Disparaitre, me liquéfier emportée par mes larmes, je ne sais pas où... mais surtout que personne ne me parle. Sans doute que je n’avais pas besoin de lui parler, que ça n’aurait pas arrangé son chagrin. Mais Je n’ai pas aimé être là, voir et faire comme si elle n’existait pas. Je n’ai pas aimé être prisonnière de ce qq chose qui m’a empêché de lui tendre au moins un mouchoir et un sourire.