Est-ce que je la secoue ou pas?

Pfff...Y a une fille dans ma classe, elle se plaint tout le temps. Elle n’aura jamais la chance de... elle ne pourra jamais faire çi ou ça... elle voit tout, vit tout, ressent tout en « Jamais » « impossible » « irréalisable » ... Mais comment sa vie doit être un enfer !!! Mwa, j’ai besoin de me dire « un jour je » Un jour, je conduirai une voiture.. Un jour, je ferai un voyage loin sans mes parents là où j'aurai décidé d'aller, avec un billet d’avion que j’aurai acheté toute seule... Un jour, j’aurai un travail dans lequel je vais m’éclater... Un jour, j’aurai un appart, rien qu’à moi et aussi avec des potes. Et je pourrai manger quand je veux, ce que je veux... Un jour, un jour, un jour... j’ai plein de projets mwa ! Même si j'avoue parfois c'est un peu sombre dans ma tête mais franchement, l’autre là, elle me bouche l’horizon, elle me sur-saoule. J’ai envie de la secouer comme un vieux prunier, de lui dire de réagir, de prendre sa vie en main, de rêver, d’inventer sa life que personne ne va le faire à sa place... à l’entendre, on dirait que c’est une marionnette dont la vie est déjà toute tracée. Pffff la barbe ! Est-ce que je la secoue ou pas ? Je lui dis kwa ?

Comment te sens-tu?

Pour le moment, je sais pas trop... je vacille... je suis une funambule de ma vie... il y a ce vide, il y a cette corde sur laquelle j'avance parfois en fermant les yeux. De toute façon, je n'arrive pas à voir à quoi elle est attachée, ni où elle me mène. C'est le brouillard épais, collant. J'avance un peu style zombie. J'avoue. Les autres, les gens me manquent. Les fous-rires quotidiens aussi. Les papotes interminables dans les couloirs de l'école. Les embouteillages des corps pour sortir du bahut quand tout le monde se jette dehors. J'ai envie de normal. Simplement de normal. Et toi? Comment vas-tu?

Ne me raconte pas d’histoire…

C’est du noir et blanc. Ça ne bouge pas et pourtant… c’est une valse d’émotions, de couleurs dans laquelle j’ai été projetée… Des larmes, des sourires en coin Parce que dans certaines phrases je me suis reconnue, parce que dans certaines phrases je t’ai reconnu, parce que ça ose dire que non tout n’est pas parfait, qu’on essaie de faire avec qui on est, avec ce que l’on connait de soi,… Je crois que je l’ai déjà écoutée 2 357 fois… dans le bus, dans le noir, sur mon lit, dans le parc,… à chaque fois je suis transportée dans une petite bulle et je découvre de nouveaux petits trésors que je n’avais pas entendus la première x… Cette chanson me fait voyager à l’intérieur de moi-même. Je vacille. Je rêve. Je love la musique qui me fait vivre. Elle vous fait kwa à vous?

#RSC : Règles de Survie en Confinement


Bon va falloir tenir encore un bon bout de temps… alors je me suis dit que comme tout le monde faisait des plans pour essayer de voir à quoi allait ressembler « l’après », moi je me suis dit que j’allais aussi faire un plan. Mais juste un plan de SURVIE, un plan pour maintenant…

Ohhhhhh ce déconfinement ça va être lent, mais leeennnnt…

Alors j’me dis qu’il va falloir quelques techniques de survie … Voici les miennes …

1) Avoir un territoire précis où personne ne peut rentrer sans frapper (à la porte hein !!)

On parle of course de ma chambre. Un refuge kwa, contre les règles de ma mère, ou la présence non stop de ma p’tite sœur. Mais aussi contre la méga pression de Paul, mon père, pour que je finisse mes devoirs (genre on n’aura pas d’exam… faut comprendre mon manque de motivation) (mais bon, du coup j’sais pas trop ce que vont dire les profs de mwa) (mais je leurs rends les devoirs hein) (l’angoisse l’école at home). J’crois que si je devais partager ma chambre avec mon frère ou ma sœur, même la baignoire de la salle de bain serait territoire interdit tant que je l’occupe… En mode mon campement comme dans Koh Lanta.

2) Garder un contact avec les potes, même par écran

J’ai besoin de savoir que je ne suis pas seule au monde à être coincée avec toute la smala que j’ai bien envie de les étrangler par moment ou bien (oui ça arrive) d’avoir besoin de réconfort… Rhooo les bras d’Hubert me manquent… ceux de Choopeta aussi…

3) Se dire qu’en restant chez soi encore un peu, on est presque des supers héros

OK c’est pas non plus comme wonderwoman mais en ne sortant pas trop on montre qu’on est solidaire avec toute la planète (oui même si on a aussi envie d’envoyer tout balader pour retrouver toute la bande)

4) Quels sont nos nouveaux super pouvoirs ?

Ben oui, à tout drame style « film catastrophe » y’a plein de gens ordinaires qui développent des capacités de dingue. Moi j’apprends que ma petite sœur n’est pas qu’une emmerdeuse et qu’elle aussi parfois elle stresse… Au final on s’apprivoise… Donc mon superpouvoir avec elle c’est la patience… La deuxième chose c’est que je me suis rendue compte que j’étais super douée pour cuisiner des goûters, et là toute la famille est d’accord (pour une fois), tu vois kwa pas des trucs de ouf mais des petits trucs utiles quand même

5) les moments sympas

Là… je coince… je vais gratter… je dois bien trouver qq chose…

Et vous les gars, c’est quoi vos #RSC ? Vous avez les mêmes que moi ? Ca a foiré ou ça a aidé ?

#stayhome #lagalère

D’abord, y’a eu une histoire de maladie contagieuse en Chine, qui s’est transmise à plein de gens, un peu comme une grippe mais en pire. Puis bon, on le sentait dans l’air et au journal télévisé, mais c'était loin... la chine... c'est loin... Mais maintenant, c’est nous les confinés, depuis le 25 mars. Confinés... confinés... rhoooo ça commence à faire long. Au début tu te dis « Cool, pas d’école, les vacances kwa ». Et puis en fait, il se trouve que mon père est sur mon dos pendant toutes ses pauses de télétravail (et... je vous jure qu'il fait beaucoup de pauses!!!) et que Monsieur Paul se croit prof pendant le confinement, ... Youpieee j'avais déjà du mal avec le père mais là... l'avoir en prof c'est vraiment la totale!! Puis ma petite sœur qui s’ennuie vient toutes les 5 minutes me demander de jouer avec elle... et ma mère... ahhh ma mère... elle invente des nouvelles règles pendant le confinement... elle est très "créative" ma mère en confinement : « chacun aspire sa chambre tous les jours, mettre la table tous les jours, .... Hé oh, Je rappelle quand même qu’on est en vacances, là ! "Ça n’est pas facile de vivre tous ensemble 24h sur 24 au même endroit" est une formule plutôt gentille pour dire que ce confinement m'étouffe!!! Mes amies me manquent tellement tellement tellement, heureusement y’a whatsapp… Et avec Hubert on s’appelle tous les jours. Mais après j’avoue que tout ce qui passe sur les réseaux sociaux ça me fait un peu peur. Je veux dire en-dehors de ma famille, y’a un virus qui se balade et qui peut contaminer tout le monde. Ca m’angoisse et j’ai parfois du mal à en parler. Peut-être que si j'en parle pas, il existe pas...??? J’ai bien compris qu’il fallait pas se voir et tout, que rien que le fait de rester chez soi aide à ne pas transmettre le virus, mais... pas évident quand même ! Mwa j’ai juste envie d’aller papoter au soleil… Je m’ennuie un peu aussi, j’ai la flemme, alors j’arrête pas de penser : jusque quand ça va durer ? le 19 avril ? début mai ? Et l’école ? Comment on va rattraper la matière ? Il paraît qu’on devra pê pas passer d’examen mais comment ça va se passer alors ? Après je vois aussi qu’il y a plein de trucs qui se mettent en place comme applaudir les infirmières à 20h, des gens sur facebook qui me font sourire avec leurs blagues, leurs vidéos, ceux qui aident les voisins, ou dans les maisons de repos et d’autres qui cousent des masques… Et moi je fais quoi de tout ça ??? Et vous, ça se passe comment le confinement ? Vous avez des trucs pour survivre ?

Le gris du quotidien

Quand j’observe mes parents, leurs amis, des profs, les gens en général, j’me dis que je ne comprends pas les adultes et leurs vies bien rangées… Pour reprendre la formule hyperconnue :

métro – boulot – dodo métro – boulot – dodo métro – boulot – dodo… à l’infini jusqu’à être trop vieux pour se rendre compte… ça me flippe, mwa ça !  Franchement, comment on peut abandonner ses rêves en cours de route ?

On dirait qu’ils s’effacent avec le temps… Comme si, à la naissance, chacun recevait un bocal vide puis, jusqu’à un certain âge, tu le remplis de rêves et tout à coup, pfffffffft... ces rêves sont trop vieux, ils s’effritent, ils se transforment en poussière…

Et y a rien à faire pcq il n’y a pas de couvercle au bocal. Un grand bocal ouvert. Alors au fil du temps, au fil du vent… ils s’envolent par petites et grandes vagues… En fait, peut-être qu’ils se transforment… mais en qwa ? En angoisse ? En enfant ? En présent ?

Parfois, quand je regarde mes parents, j’ai l’impression qu’ils sautent à la corde sans se poser de question. Comme quand on était petit dans la cour de récré. Seulement, dans leur jeu, c’est pas eux qui maîtrisent le bout de la corde, ni des amis, c’est le temps. Et ça, c’est important, le temps ! Ils n’ont pas le choix, ils ne peuvent pas accélérer, ni ralentir… on ne choisit pas la cadence, on saute ! Alors, ils sautent.  Et mwa, parfois, je regarde, j’observe. Et je me dis que jamais j’arriverai à entrer dans le jeu. Même s’ils sautent en cadence et que le rythme est entraînant et que tout le monde applaudi sur les côtés pour m’aider à sentir ce rythme… je reste là, les pieds cloués au sol, j’peux pas. Pas maintenant. Donnez-mwa encore un peu de temps, laissez-mwa encore un peu mes rêves d’enfants… J’ai un peu les boules de devenir grande… Ca fout les boules, non ?

 

# ces derniers jours, j’ai été prise de l’envie de...

... tuer Paul / mon père.

Oh ça va hein, pas besoin d’appeler les flics! J’ai dit que j’avais été prise de « l’envie de ». Je l’ai pas fait. Pas vraiment. Pas en vrai. J’ai hésité... avant de raconter ça ici. Mais comme qd je l’ai dit à mon poisson rouge j’a pas eu trop de réactions, il fallait que j’essaie ailleurs.  

C’est quelque chose de pas  hyper hyper facile à avouer... j’ai tellement honte pour lui... C’est mwa qui ai honte... c’est lui qui devrait creuser un gros trou dans le sable et se cacher dedans! Là franchement... en fait, je crois que mon père est limite raciste. Je l’ai découvert pcq j’ai parlé des migrants chez mwa l’autre jour. On réfléchit avec les potes à ce qu’on pourrait monter comme plan dans notre école. Et lui, mon père, quand on parle de ça, il dit des trucs trop glissants, du genre « oui mais on ne peut pas s’occuper de tout le monde, il y a déjà pleins de gens chez nous qui... » pas besoin de vous faire un dessin de la suite de son discours...

Franchement, pour moi, c’est comme si il faisait hara-kiri devant mes yeux. Sinon, je le vends aussi...

Là, depuis, je le croise et il est devenu tout minuscule... une toute petite poussière qui vaut rien du tout. Est-ce que cette envie de tuer mon père va me passer ? Est-ce que cette honte pour lui va me quitter ? Qui a déjà eu ça dans sa vie ???

 

Des mots assassins 

Ça reste dans ma tête. Comme une griffure. J’ai entendu l’histoire de Lisa, 15 ans qui s’est suicidée. J’ai froid. Je ne la connaissais pas. Peu importe. Partout, on dit que c’est à cause du harcèlement qu’elle vivait.  Et mwa, dans ma tête, ça me met en rage. Pas contre elle... pas du tout. En rage contre tout autour... en rage contre le vide qu’elle a perçu... mwa, j’imagine qu’elle ne voyait plus rien... le brouillard est devenu tellement dense, tellement collant, qu’il a fini par l’aspirer...  Il y a dans ma tête un petit bonhomme qui sautille en criant « IMPUISSANCE, IMPUISSANCE » Il agite tjs les même questions qui tournent alors en boucle.   Est-ce qu’elle ne voyait personne autour d’elle chez qui elle pouvait déposer son sac de pierres ? Comment on peut aider les gens à dépasser l’idée qu’ils ont d’être seuls, seuls à devoir se débrouiller avec ce qui leur arrive, qu’ils ne peuvent pas compter sur les autres ?  Comment on peut aider les gens à dépasser ce sentiment de honte qui bien souvent nous paralyse ? « Ahhh non non, je peux pas lui dire ça, j’ai trop honte. En plus après, il ne me verra plus que comme ça... »  Comment quand on est dans ce brouillard tout collant trouver la petite chose qui va faire qu’on va choisir d’ouvrir une porte et pas de les fermer toutes à tout jamais ? Pourquoi on n’arrive pas à couper le fil de ces espaces sur lesquels on est injurié ?  Comment trouver la force pour monter au créneau quand on est témoin de ça, pour faire barrage à ces insultes quand on les voit se produire juste là, devant ? Ou puiser cette force ?  C’est kwa vos trucs pour intervenir quand il y a des mots assassins qui volent sous votre nez, qui sifflent sous vos yeux et vos écrans ?