Faux départ

Voilà, c'est fait enfin, plutôt c'est dit : annulées nos vacances. Pffft. Disparues. GRRRRRR
J'avoue, ça me fait enrager. Moi, je les attendais avec impatience et je pensais qu'ils allaient trouver une solution. J'ai l'impression que d'habitude, ils trouvent toujours des solutions.
Surtout que comme ils ne disaient rien depuis que je les avais entendus l'autre nuit . Je commençais vraiment à croire au plan de rechange. Il n'en est rien.

Ce que je ne comprends pas c'est l'excuse donnée. Mon père doit terminer un truc à son travail, un machin urgent qui peut pas attendre et son boss lui a refusé ses congés. Pourkwa il a donné cette excuse-là ?
Moi, je sais que c'est pas vrai. C'est à cause de la vieille tante qui habite à trucmuchsuperloin et qui leur demande tout le temps de l'argent.

Comme prévu mon frère a hurlé, a claqué la porte et a disparu. Tout le monde fait la gueule à mon père… mais pour différentes raisons.
Mon frère pcq il ne sait pas dire non à son boss.
Ma mère pcq il ne sait pas dire non à sa vieille tante.
Ma petite sœur, elle suit le mouvement.
Et moi, j'en veux un peu aux deux d'être de mèche mais surtout à mon père de ne pas dire la vérité tout court. Ou tout long, la vérité.

Il y en a combien de vérités dans cette affaire ?

Un espoir ?

L'argent donné à la vieille ! Ils n'ont toujours rien dit. Mwa, je fais semblant que je ne sais rien. Je parle de cette semaine de vacances de temps en temps, de comment ça sera super bien au bord de l'eau. Mais je sens bien que ça coince. Ma mère tousse et mon père est fuyant.
Mais pourkwa ils attendent ?
C'est vrai plus ils vont attendre avant de nous l'annoncer et plus on va être déçu, nous.
Mon frère va péter un plomb : « Mais c'est pas possible ! C'est toujours la même chose. Vous nous faites miroiter un truc puis ça marche jamais, jamais. C'est vraiment pas juste. Quand nous on tient pas nos promesses, c'est la cata. Mais vous, c'est pas grave »
La porte va claquer et il va devenir muet pendant un siècle.

Moi, je vais être super déçue. Ca c'est un truc pour que je recommence d'appeler mon père par son prénom (Paul, pour ceux qui ont oublié ) Quant à la tante, elle peut se brosser pour que j'aille à son anniversaire cette année ! J'imagine lui brûler les pieds, la torturer grave pour savoir pourkwa elle a un tel pouvoir sur mon père. C'est un chantage ?
Et eux, ils n'ont toujours rien dit… Vous me conseillez kwa???

Découverte nocturne

La nuit dernière, j’ai fait qq chose que j’adore! J’avais trop faim de chez trop faim. J’aimais pas le souper donc j’avais plutôt « chipoté » comme le dit si bien ma mère.
Mais une fois au fond de mon lit, mon ventre a crié famine. J’ai bien essayé de l’ignorer puis … finalement, l’idée de l’escapade m’a tentée. Je me suis donc embarquée dans une confection de sandwich nocture.
J’aime bien faire ça.
Il y a plein de silence partout. J’ai l’impression que tout m’appartient à ce moment là. Je suis la Reine du monde.

Sur le chemin du retour dans mon lit, j’ai entendu des chuchotements plutôt énervés de la chambre des parents. D’abord j’ai pris peur : ça allait être ma fête si j’étais pincée dans le couloir accompagnée de mon gros sandwich mayo (sans serviette en plus !) puis rien alors… j’ai tendu l’oreille. Trop tentant !
Ma mère : « Mais tu lui as encore donné de l’argent »
Mon père : « Je sais mais elle est vieille. Elle a pas d’enfant. Qui va s’occuper d’elle ? »
Ma mère : « Mais ça veut dire que la semaine de vacances avec les enfants nous passe sous le nez… »
Lui d’un ton bizarre: « Arrête, tu sais bien pourquoi ». Il a éteint la lumière et je les ai plus entendu.
Kwa ? Mais c’est qui cette dame qui est vieille et qui nous vole notre kdo de vacances ?
C’est pas Mamie. Mamie a des enfants puisque c’est la mère de mon père. Mais de qui donc alors ?
Ohhhhhh, j’ai compris pourquoi on était allé visiter la vieille tante … et bingo… je comprends un peu mieux pourkwa il l’a critiquée en partant . Si j’avais su, j’en aurai rajouté une couche moi aussi.
Mais le pourkwa du pourkwa, ça…

Trop chouette moment

Hier on a fait un grand souper pour Sarah. Sarah qui s’en va. Sarah qui démange . Grrrr quand je dois le dire j’ai toujours le cœur qui se serre et une boule dans la gorge.
Bref...

On l’a aidée à faire quelques caisses, l’après-midi. C’était une toute bonne aprem fous-rires. Je pense même qu’elle aura des surprises... en ouvrant qqs caisses. Hein, Choopeta ! Lol.
En fait, chacune de nous a caché un petit souvenir dans ses cartons. Moi, j’adore faire ça. Des minis-surprises ;o)
Puis le soir, on a rassemblé un peu tout le monde (enfin, ceux qui sont pas partis en vacances) et on a fait une grande bouffe en son honneur : un spaghetti géant. On a vraiment bcp ri.
Maintenant, chacun a plein de souvenirs dans sa tête !
On a passé le reste de la nuit à papoter. Les garçons sont restés un peu puis on a continué entre filles. On s'est dit plein plein de choses. On a pleuré ensemble. On s'est serrée, fort. On s'est promis de se revoir, de s'écrire des mails tous les jours pour se tenir au courant. Se soutenir. On s'est promis de faire des conférences téléphoniques. Et d'habiter ensemble quand on serait grande.
Mais bon, on doit pas se quitter encore tout de suite, hein… On a encore tout le mois d’août… ou on plus que le moi d’août… J’avoue, ça me fait flipper…

Un aller donc... un retour

Comme un aller ne va pas sans un retour... il a fallu que je repartage cet espace hyper clos avec lui. Encore. J’étais en grogne de cette visite et j’ai commencé à épousseter le tableau de bord très TRES soigneusement, puis au moment où j’allais passer à la boite à gants Paul se lance, il fait le grand plongeon et, éclatant de rire me dit :
"Vrai ! Elle est hyper maniaque, la tante"
Alors là, il m'a tendu une perche grosse comme une maison.

Kwa, tu veux pas répéter, là?
"Ma kwa?" Je lui ai dit.
"Ben maniaque! Et ça n'a pas l'air de s'arranger avec le temps. Chaque fois qu'on y va, il faut enlever ses chaussures en entrant, veiller à ne déplacer aucun objet d'un quart de millimètre, déposer son verre au centre exact du sous-verre et la nouveauté cette fois c'est son nouvel aspire-miettes dernier cri. Combien de fois elle l'a sorti? 9 fois, 10 fois? Non mais, elle exagère quand même"
Là, il fait exprès... j'ai pas pu m'empêcher d'embrayer avec un sourire en coin:
"Maniaque, elle? Pas plus, pas moins que twa. On sait d'où tu tiens ça maintenant!"
Et puis comme il est vif, Paul, il a ajouté : "Une histoire de chromosomes X et Y , hein??? Je t'expliquerai un jour, mais je pense que parfois, ça saute de générations ...". Petit rictus mélangé avec un subtil double petit rappel à l'ordre (du moins, mwa je l'ai interprété comme ça):
1) pour une étude approfondie de mon point faible : la bio . Mais là, il a l'air plutôt de me tendre la main, pas comme à l'aller.
2) pour un rangement en profondeur de ma chambre.

No comment. Enfin, si. Je l'ai trouvé plutôt drôle sur ce coup-là. Critiquer la tante, la famille... alors qu'il la défendait tellement bien à l'aller...
Peut-être qu'il avait pas tellement tellement envie d'y aller tout seul en fin de compte...

Silence… silence ?

Il y avait de la musique. De la musique et juste ce silence. Ce silence qui collait entre nous. J’avais dit que je voulais PAS y aller.
« T’as pas le choix, c’est important la famille. Puis tu es en vacances. Tu n’as quand même rien à faire. Si c’était pour étudier ta bio , je t’aurai laissée ».
Paf.
Ca c’est bien placé. Merci. Il sait pas ce que je vis à l’intérieur de mwa, lui. Et ce genre de mot en lame tranchante,  ça me donne pas envie de me confier à lui.
Bref. Me voilà embarquée pour aller visiter la vieille tante qui habitue à trucmushsuperloin. Quel calvaire !
Me retrouver seule avec lui. Pffff… Pas envie.
Mais finalement comme j’avais décidé de ne pas trop déterrer la hache de guerre et de m’épargner une engueulade, je me suis déconnectée. J’ai rêvé.
A l’intérieur de mwa ça fusait dans tous les sens : chouette moment : j’ai parlé dans mon cœur, discuté avec mwa, fait des plans dans tous les sens. Même si rien n’est réalisable. Pendant un instant tout l’était.
A l’extérieur : Silence. Mon père ne disait pas un mot.
Finalement, je le glisse ici : j’ai aimé le « rien » de ce trajet. J’ai aimé me sentir juste là. Apprécier. J’ai eu bon. Juste les nuages et mes rêves. Evidemment, je ne me suis pas privée de tirer la tronche. Il m’a quand même obligé à l’accompagner.

Trop injuste

Sarah a enfin répondu à mes messages . Elle m'a retéléphoné. Elle a fini par accepter. Elle voulait qu'on se voit. On s'est vues. En face à face. Juste elle et mwa.

Ce que je suis triste. Je pleure. Et ça n'y changera rien. Elle avait raison, je ne peux pas l'aider.

C'est pas juste. Pourkwa?

Elle déménage. Je suis en RAGE.

Enfin ses parents déménagent donc... elle déménage. Pas le choix. Ils ont attendu qu'elle ait terminé ces examens avant de lui annoncer la « super nouvelle ». Elle m'a dit qu'elle avait tout essayé : argumenter, négocier l'internat, se rouler par terre, menacer de faire la grève de la faim ou une fugue, rentrer bcp plus tard que l'heure donnée avec un verre dans le nez. Rien. Ils ne disent rien. Enfin si... ils lui disent qu'elle peut danser sur sa tête, ce sera la même chose. On connaît tous la chanson... "Tant que tu seras sous mon toit,..." gnagnagni gnagnagna…

Mais mince à la fin, ils pensent qu'on a pas de vie ou kwa? Ils pensent que l'on peut changer de vie comme de chemise? C'est pas pcq eux décident de déménager que spécialement on devrait les suivre. Techniquement c'est plus facile ok mais m... c'est pas juste. Il fallait pas faire des enfants alors si c'est pour pas respecter leur vie. On est pas comme des bagages qu'on emporte partout. On a une vie, des sentiments, des amis, ... on construit aussi, nous.

Grrrrrrr, ça me coupe le cœur. Comment je vais faire mwa?

Ce qui est certain, c'est qu'on fera tout pour se revoir, souvent. Promis. Tu peux compter sur ma chambre pour venir passer tous les w-end avec nous. On se verra souvent souvent souvent, je te jure. Promesse de sœur de cœur.

La femme est l'avenir de l'homme (Suite)

Comme tu es belle ma sœur !

Il y a pas longtemps, quand je voyais tous nos sourires, notre vague de sourires, j'écrivais que la femme était l'avenir de l'homme. Nous pouvons être fières…
Aujourd'hui, je suis pas fière du tout. J'ai d'ailleurs pas le cœur de faire un dessin. Je préfère mettre une photo de Fazal Sheikh , d'origine pakistanaise, qui a été photographier des femmes, des jeunes filles, des enfants qui sont brûlées, prostituées, mises en esclavage parce qu'elles sont des femmes !
Et des mères rejetées parce qu'elles n'enfantent pas des garçons.
D'accord, je ne suis pas forte en bio. Je suis obligée de revoir tous ces trucs de chromosomes . Mais quand même ce que j'ai compris (Oui Madame La Prof, je viens de vérifier!) c'est que c'est le sperme de l'homme qui détermine le sexe de l'enfant.
Mais il y a quand même quelque chose que je comprends pas du tout (et là, c'est pas de la bio !). Ces hommes, ils ont été des petits garçons.
Ces hommes, ils ont eu des mamans.
Ces mamans, elles étaient des femmes.
Qu'est ce qu'elles leur ont appris à ces petits garçons ?
Et eux, ils ont oublié la douceur de leurs mamans ?
Je comprends RIEN et j'ai HONTE pour eux.

Problèmes de peau

J'ai repensé au message que j'ai posté il y a pas tellement longtemps dans lequel je parlais de mon plantage en bio . (D'ailleurs merci tout plein à Fabien, Julien Sara, Zoe in the sky et jeanluc pour leurs gentils comms ...) Mais j'en sors pas. Je tourne en rond ces jours-ci... il fait tout gris... Sara qui répond pas ... Je sais que ce sont les vacances mais… je sais aussi que ça va paraître bizarre, complètement étrange… mais j'arrive pas à lâcher ce sentiment. Ce sentiment de nulle qui me colle à la peau. J'ai mes chromosomes tout retournés. J'ai dans ma tête comme une petite bête qui me ronge, me ronge et me fiche jamais la paix. Elle me bouffe les neurones.
Depuis ce moment là, c'est comme si j'avais un peu perdu la pêche. L'autre jour, on jouait avec des potes et il fallait répondre à des questions. Pas des questions très difficiles mais là… j'ai rien dit… pcq j'étais plus sûre de rien. C'est comme si chaque fois le sol se dérobait sous mes pieds. Je sais que c'est bête mais impossible de réagir autrement.
Tout le monde me dit « mè allè 100drine, qu'est ce qui se passe ? »
Moi, je suis clouée. Franchement, je me demande jusqu'à quand ça va durer.
C'est comme s'il y avait un avant et un après. Avant j'étais sûre de mwa. J'avais plein d'idées et de peps. Puis j'ai eu l'impression d'être cassée, brisée… après, c'est le doute, la remise en question, l'impression d'être nulle,…
Ok, se remettre en question c'est bien mais fô quand même pas que ça m'empêche d'avancer.
Là, maintenant, à l'instant, j'ai envie d'être un serpent. Me faufiler dans un coin à l'abris des regards et … muer. Juste changer de peau.

Larmes de rimmel

Ohohohohoho ! Depuis lundi, dernier jour de bahut, il y a qq chose qui me trotte en tête et qui me poursuit.

On aurait dit une folle. Sarah a débarqué à l'école comme une furie. Elle est passée devant nous sans dire bonjour et a été s'enfermer dans les toilettes pour ne réapparaître qu'à la sonnerie.
Elle était pas belle à voir ! Les yeux complètements bouffis par les larmes. Des plaques rouges sur les joues et dans le cou. D'après mwa, elle a passé la nuit à pleurer. Des traces de rimmel partout. Elle a certainement dû se battre avec pour que ça se voit le moins possible. C'est loupé. Tout le monde la regardée. On a tous remarqué que qq chose clochait. Muette, elle est restée muette.

Mais je ne comprends pas. C'est pourtant la fin de l'année. Elle a bien réussit, elle doit pas se tracasser. Qu'est-ce qui pourrait le mettre en boulette comme ça? Pcq évidemment, elle a pas desserré les dents un seul instant. Elle faisait que sangloter dans son coin. J'ai eu un peu peur pcq je l'ai jamais vue comme ça mwa. Personne n'a pu l'approcher et quand le prof, qui avait bien remarqué que ça n'allait pas top, a lâché une petite blague pour détendre l'atmosphère « C'est pcq vous n'allez plus me voir pendant deux mois que vous êtes dans cet état ? ». Là, ça a été le sommet. Sortie des tanks et des armes lourdes. Elle a hurlé qq chose que personne n'a compris. Il y avait tellement de larmes entre les mots : « plus jamais,… parents,… injustes,… maisons,… examens,… obligée... » Elle s'est levée avec toujours cette impuissance-qui-crie-à-l'aide au fond des yeux et elle a claqué la porte. En temps normal, ça aurait valu une belle retenue et un mot du dirlo.

Mwa, je suis toujours là à retourner cet épisode dans ma tête, les yeux en point d'interrogation… mais qu'est-ce qui lui arrive bon sang ?
Depuis, son tel est sur répondeur.